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Lewene et Mercure
Chibi mirajane
Auteur : Reby Redfox
Rating : T Rating
Statut : Terminée
Nombre de Chapitres : One-shot
Note :
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Personnages Magies et sorts Autres

Alors qu’il rassemblait quelques braises qui avaient roulé hors du foyer, Hawnt enchaîna la discussion avec la nouvelle venue.
- Et toi, Lewene, quelle magie pratiques-tu ? Je veux dire, en dehors de ne pas bronzer…
Quelques compagnons gloussèrent, d’autres sourirent. Lewene ramena les jambes contre sa poitrine, les encercla de ses bras en posant le menton sur ses genoux.
- Je n’ai pas de magie, déclara-t-elle en plissant les paupières à cause de la chaleur du feu.
Hawnt afficha un air étonné avant de se pencher vers elle.
- Vraiment aucune ? Du tout, du tout ?
Il tendit le cou pour tenter d’être face à ses yeux mais Lewene tourna la tête vers l’autre côté.
- Aucune, vous dis-je ! Je me porte très bien sans et...
Elle marqua un léger temps d’arrêt, puis se tourna finalement vers Hawnt, un petit sourire narquois accroché à ses lèvres.
- Quoiqu’à la réflexion, je possède peut-être bien une magie.
Hawnt poussa un cri d’exclamation et la pressa, encouragé par ses trois autres compagnons, de leur en dire plus. Quant au quatrième, assis de l’autre côté du foyer, il haussa un sourcil interrogateur que la jeune fille capta immédiatement.
- Il se trouve en effet que j’ai une certaine facilité à détecter les mensonges des personnes.
- Et tu lances des flammes sur celui qui ment ?
- Non.
- Alors, tu le pétrifies ?
- Non plus...
- Tu lui fais cracher des crapauds et des serpents !
- Toujours pas...
- Hawnt, arrête un peu de l’embêter, le réprimanda gentiment Daemm. Tout le monde n’est pas forcé de maîtriser une magie qui lance des éclairs ou je ne sais quoi.

Le feu crépitait toujours avec la même intensité alors que le silence s’installait progressivement. Lewene jeta un coup d’œil discret à sa droite : Hawnt et Daemm dessinaient avec le bout de leurs chaussures dans le sable. Ils laissaient échapper quelques rires qui faisaient écho au sifflement qui émanait de Andrew. Enserrant toujours ses genoux, Lewene dirigea son regard vers l’imposant rouquin barbu qui sifflotait l’air d’une chanson paillarde. D’un œil expert, il examinait la lame de son épée, puis passa en revue celles des couteaux et dagues appartenant à ses compagnons. En face, à travers les flammes dansantes, Lewene observa les deux derniers membres de ce groupe avec lequel elle voyageait : Tatoru, le grand frère de Hawnt, discutait à voix basse avec Mercure, l’homme-loup. La jeune fille n’entendait pas leurs mots mais imagina qu’ils planifiaient la suite du voyage.
- Daemm a le mal de mer !, lança soudainement Hawnt, tout joyeux, à Lewene.
Tous les regards se tournèrent vers le couple, chacun étonné par cette annonce. Déconcertée, Daemm fit une petite moue.
- Je n’ai pas du tout le mal de mer, qu’est-ce que tu rac-…
Hawnt bondit sur son amie et la bâillonna de sa main.
- Chuuuut, il ne fallait pas le dire ! Je voulais voir comment fonctionnait la magie de Lewene !, ajouta-t-il en se tournant vers l’intéressée. Tu veux bien te prêter au jeu, Lewene ?
Hawnt afficha à grand sourire à la nouvelle venue tandis que Daemm se débattait et tentait de mordre la main qui l’empêchait de parler. Lewene sourit faiblement en acquiesçant. Hawnt lâcha Daemm, et celle-ci lui donna quelques coups sur l’épaule tout en l’injuriant. Hawnt riait. Il monta sur le tronc d’arbre qui servait jusqu’à présent de siège et écarta les bras en direction du ciel.
- J’annonce… Non, que dis-je, je clame haut et fort que Tatoru possède un tatouage d’écureuil sur la fesse gauche !
- Sale gamin…, pesta Tatoru.
- Alors, Lewene, mensonge ou vérité ?, interrogea joyeusement Hawnt.
- Mensonge.
Hawnt applaudit tandis que Tatoru grommela.
- Bravo !
Hawnt se pencha rapidement à l’oreille de Lewene.
- En fait, ce n’est pas un écureuil mais un crabe.
Le garçon l’ayant intentionnellement prononcé assez fort pour que son frère l’entende, celui-ci bondit sur le champ sur ses pieds, les poings serrés et pesta à l’encontre de son frère. Tous deux entamèrent alors une course-poursuite autour du feu, provoquant l’hilarité de Andrew, de Daemm et de Mercure ; Lewene se contenta de sourire, elle aussi relativement amusée par la situation. Venu derrière elle, Hawnt la saisit soudainement aux épaules et s’accroupit dans son dos.
- Voyons, Tatoru, tu n’oserais pas frapper une aussi mignonne jeune fille !, minauda Hawnt d’une voix fluette avant d’enchaîner normalement. À ton tour !
Tatoru fit claquer sa langue en signe d’agacement, faisant comprendre sans mal qu’il s’occupera de Hawnt plus tard. Le frère aîné s’assit sur le tronc à côté de Lewene, un coude posé sur le genou et le poing refermé sous le menton. Les yeux clos, Lewene lui remarqua une fine griffure argentée sillonnant de la paupière à l’oreille. Plongée dans la contemplation de sa découverte, Lewene sursauta lorsque Tatoru se tourna brusquement face à elle en tapant dans son poing ; un air déterminé dansait dans son regard.
- Mercure a embrassé Andrew lorsqu’ils avaient seize ans !, lança-t-il tout en rapprochant d’un coup sa tête du visage de Lewene.
La jeune fille resta un moment interloquée devant les imposantes pupilles brillantes et noires de Tatoru. Elle risqua un coup d’œil vers les deux intéressés et les vit en train de soupirer, la tête baissée et soutenue dans leur main. La réponse était évidente.
- Vérité ?...
Quelques secondes de silence gênantes suivirent sa réponse, un silence finalement brisé par Mercure venu asséner un coup magistral sur la tête de Tatoru. L’homme-loup se redressa de toute sa hauteur, le visage teinté d’un rouge naissant accompagné d’une expression fermée. La lueur dorée que projetaient les flammes sur lui, tranchée par le bleu clair prononcé de ses pupilles, le rendait davantage imposant et menaçant. Il croisa les bras sur sa poitrine et regarda Tatoru de haut, les yeux plissés.
- J’annonce que Tatoru et Hawnt ont déjà fait des choses peu recommandables entre frères !
Les deux frères laissèrent échapper un couinement en grimaçant.
- Vérité !, s’exclama Lewene en souriant quant à la tournure que prenait l’activité et ravie de voir la mine déconfite de Hawnt.
Daemm éclata de rire et charia son partenaire.

Les affirmations s’enchaînaient rapidement : c’était à qui lancerait la vérité vraie la plus farfelue.
- Andrew n’a jamais porté de robe !
- Hawnt, sale petit...
- Mensonge !, hurla presque Lewene en riant.
- J’annonce que Hawnt a mis aujourd’hui une petite culotte en dentelle !, lança sans plus attendre Andrew avec un regard triomphant.
- Vérité !
Tous les regards convergèrent vers Hawnt qui s’était raidi et avait viré au cramoisi.
- Ah… Ah bon ?, demanda Mercure en hoquetant de rire.
- T’es malade, ce n’est pas mon genre !
- Mensonge, répliqua Lewene en souriant.
- À mon avis, cette petite culotte n’est pas qu’en dentelle, commenta Daemm avec un air faussement sérieux.
- Quel genre, la culotte ?, questionna Tatoru.
- Stoooooop !, hurla Hawnt en tombant à genoux devant le foyer encore ardent, les bras levés au ciel. Vous avez gagné, mais stoooop !
Une vague de fous rires déferla instantanément.

Lewene se retourna dans sa couverture. En laissant échapper un soupir d’agacement, elle leva les yeux vers un hamac suspendu à quelques arbres de là où elle se trouvait allongée. L’homme-loup semblait ne pas dormir non plus. Marmonnant légèrement, Lewene se retourna de nouveau et tenta de trouver le sommeil. La soirée lui revenait en mémoire. Avant qu’elle ne se détende avec les autres en fin de soirée, Andrew, Tatoru, Daemm et Hawnt lui avaient présenté leur magie. Enchaînée par la promesse faite à Mercure, elle avait dû mentir et leur faire croire qu’elle était une simple humaine, s’étant tout de même légèrement rattrapée grâce à sa capacité à détecter les mensonges (qui n’avait d’ailleurs rien de magique). Se souvenant de cette promesse, Lewene se reprocha d’être autant loyale et apte à ne pas trahir.


Levant son poignard, Lewene donna plusieurs coups sur la tête du volumineux monstre noir qui se dressait devant elle. La lame blanche brillante laissa couler un filet de sang sur son tranchant. À l’affût, Lewene leva les yeux et vit passer juste devant elle une grande masse sombre aller bondir sur un deuxième monstre qui fonçait vers elle. Le Loup au pelage noir décapita en un rien de temps l’adversaire puis retourna prêter main forte à sa compagne. Dos au Loup et face aux monstres restants, Lewene se maudissait d’avoir si négligemment provoqué leur colère. Expirant brièvement, elle fonça de nouveau contre les adversaires, et le Loup l’imita de son côté.
Entre deux cadavres et une trace sanglante sur la joue, alors qu’elle s’apprêtait à revoir sa stratégie d’attaque, la jeune fille sentit chez le Loup une subite crainte magistrale. Alarmée, Lewene acheva son adversaire en une pirouette, tranchant au niveau de la jugulaire, et chercha la bête du regard. Elle écarquilla les yeux lorsqu’elle la repéra : elle ne voyait non pas un loup, mais bien deux. Le Loup noir du Chaperon, et un autre, au pelage clair entre le crème et le gris, aux longues oreilles velues presque blanches, aux yeux bleu clair si perçants et si luisants qu’ils se détachaient distinctement entre les masses noires qui tombaient et les giclées rouges qui fusaient.
Le loup clair vint rapidement à bout des monstres restants sans que le Loup n’eût fait le moindre mouvement : il gardait la tête baissée et les oreilles couchées devant le loup clair. Lewene grimaça en voyant cela et se dépêcha de rejoindre son compagnon.

Saisie d’un mauvais pressentiment, la jeune fille resta un moment silencieuse en arrivant sur place : le loup clair avait laissé sa place à un jeune homme de taille appréciable. Le pelage se retrouvait dans ses cheveux mi-gris. Les yeux bleus presque hypnotisants étaient les mêmes. Lewene se rapprocha du Loup, toujours en soumission face au nouveau venu, les yeux légèrement levés. La jeune fille s’accroupit à côté de lui, une main passée entre les poils légèrement sanglants dus au combat, et tenta de l’apaiser.
- Que lui as-tu fait ?, lança Lewene sans daigner accorder un regard à son interlocuteur.
L’état de son compagnon l’inquiétait. Au ton qu’avait employé Lewene, celle-ci sentit un frisson parcourir le Loup. Le jeune homme, debout, les bras croisés, émit un rapide sifflement entre ses dents en affichant un sourire narquois.
- Je ressens chez toi une agressivité que je ne m’estime pas honoré de recevoir, lui répondit-il en grinçant des dents. La moindre des politesses serait déjà de me remerci-...
- Je n’avais nul besoin de ton aide, nous nous en sortions très bien tout seul, coupa la jeune fille. Je te demande ce que tu lui as fait.
Le jeune homme s’accroupit pour se mettre au niveau de Lewene.
- Ton Loup a seulement trouvé un autre loup plus fort que lui, voilà, tout.
- Tant de supériorité finira par te nuire, lâcha Lewene en se levant brusquement. Tu ne devrais pas sous-estimer le Loup !
Le regard noir face à ce nouvel ennemi, Lewene sortit son poignard et se mit en position, prête à affronter un potentiel assaut ; le Loup ne bougea pas. Déstabilisée, la colère gagnait davantage l’esprit de Lewene ; la jeune fille força la connexion qui la liait au Loup, lui ordonnant de se ressaisir. Cela semblait faire effet jusqu’à ce que l’homme-loup fusille l’animal de ses yeux bleus : le Loup glapit avant de disparaître, entraînant avec lui la tenue magique de Lewene. Celle-ci, désarmée, ne put que bégayer son incompréhension face à cette situation inédite pour elle. Le jeune homme soupira.
- Je te l’avais dit : je suis plus fort que ton Loup, et il l’a bien compris.
Il se releva et marcha vers elle.
- Tu ne sembles pas être très au courant des hiérarchies qui existent entre nous, continua-t-il, aussi vais-je être plus clair.
Il se planta devant elle et se pencha à quelques centimètres de sa figure. La jeune fille garda le visage fermé, sa lèvre inférieure frémissant de colère.
- Je m’appelle Mercure et suis supérieur à ton Loup et donc, indirectement, supérieur à toi. De ce fait, te battre contre moi semble totalement inutile et vain. Satisfaite ?
Lewene ne détourna pas le regard et continua de fixait le bleu incendiaire de Mercure. Une idée se formait dans son esprit.
- Vain, dis-tu ?, répéta-t-elle en esquissant un sourire. Sais-tu seulement qu’avec ma magie, je pourrais te battre en une fraction de seconde ?...
Lewene approcha à son tour son visage de celui de Mercure, faisant intentionnellement glisser son fin nez jusqu’à la partie haute de la joue du jeune homme. Sa voix se fit plus mielleuse.
- Si j’absorbais ne serait-ce que quelques gouttes de ton sang, susurra-t-elle à l’oreille de l’homme-loup, je te le montrerai bien volontiers !
Lewene avait glissé sa main dans les cheveux argentés de Mercure comme elle le faisait avec le Loup lorsqu’il était agité. Le jeune homme renifla bruyamment avant de saisir son poignet, suspendant le geste de Lewene.
- Cela ne fonctionnera pas, déclara-t-il.
Contre toutes attentes, Mercure posa complètement la tête contre l’épaule de Lewene, maintenant toujours le poignet de la jeune fille.
- Quelle que soit ta magie, continua-t-il, le Loup qui réside en toi, qu’il soit réel ou seulement issu de la magie, ne permettra pas que tu te serves de mon sang. Ce serait comme… une insubordination, voire même une trahison pour lui.
Mercure enfouit son visage dans le cou de la jeune fille et, fermant les yeux, sentit son odeur. Lewene tressaillit avant de le repousser. L’homme-loup se laissa faire, le coin de la lèvre gauche légèrement remonté.
- D’ailleurs, qu’est-ce qu’une fillette aussi mignonne que toi fait dans une endroit comme celui-ci ?
Lewene plissa les yeux et se renfrogna.
- Je ne te permets pas de porter un quelconque jugement sur moi, siffla-t-elle en dévisageant l’homme-loup. Et rien ne m’oblige à te répondre.

Laissant passer quelques secondes silencieuses, Mercure ne put s’empêcher de glousser et étouffa un pouffement, sentant aussitôt des pupilles noires de reproches posées sur lui. Il sourit franchement en soutenant ce regard.
- Ne viens pas me faire croire que tu es venue dans ce trou perdu sauvage pour tester tes nouveaux habits et… jouer avec ton toutou.
- Jouer avec mon…
Tout en se mordant la langue, Lewene bondit subitement sur l’homme-loup, l’attrapant aux épaules ; surpris, Mercure ne put que basculer sous le poids et l’impulsion de la jeune fille. Les deux corps tombèrent, l’un amortissant l’autre. Cloué et sol et chevauché, Mercure observa Lewene invoquer son Chaperon de couleur rouge : mais à peine fut-il formé que celui-ci s’évapora. L’homme-loup sourit.
- Tu vois, commença-t-il, ma présence t’empêche même de te vêtir de rouge...
Un son net et sec résonna. Irritée, Lewene garda sa main levée, prête à cibler une seconde fois la joue du jeune homme rosée par la claque fraîchement reçue. Mercure saisit rapidement la main que Lewene amorçait et la maintint fermement.
- Aussi sauvage que ton Loup, remarqua-t-il en tentant d’apercevoir à travers les mèches de cheveux blondes les yeux de son adversaire.
Il renforça légèrement sa poigne.
- À présent, dis-moi ce que les ruines de Broken Fields ont tant à t’offrir pour que tu passes par cette vallée infestée de monstres.
Lewene esquissa un petit sourire en entendant la question. Sentant qu’elle se détendait, Mercure la libéra et l’observa se masser les poignets tandis qu’elle gardait son sourire légèrement provocateur. Coinçant derrière ses oreilles les quelques mèches qui lui tombaient devant les yeux, Lewene se pencha au-dessus de Mercure, ses deux mains posées chacune d’un côté de son visage.
- Si tu as compris où j’allais, c’est que tu as le même but que moi ; ta question a donc déjà une réponse. Maintenant, à moi de poser une question : pour quelle guilde travailles-tu ?
L’homme-loup fixait les yeux noisette au-dessus de lui. Souriant d’amusement, il repoussa doucement la jeune fille, se redressa et s’assit en face d’elle, les coudes sur ses genoux et la tête dans les mains.
- Fair Strix, répondit-il honnêtement. Une guilde à quelques kilomètres d’ici, vers le sud.
Il passa les doigts dans ses cheveux, les rabattant en arrière. Ses oreilles rebondirent.
- Je vais avec mes compagnons chercher le fameux tableau La Conteuse de Lettres chez ce vieux fou de Septimus, actuellement caché dans les ruines de Broken Fields. La prime offerte n’était pas si mal, alors on a accepté la mission.
Mercure inclina la tête sur le côté, ne détournant pas son regard de la jeune fille.
- En est-il de même pour toi, petit rubis blanc ?
Ne relevant pas le surnom utilisé, Lewene se contenta de garder le silence quelques instants, réfléchissant à la tournure que prenait cette rencontre. Dévisageant l’homme-loup, son regard se perdit sur les deux oreilles poilues mais cependant soyeuses, fixées sur le crâne de son interlocuteur.
- Effectivement, nous avons accepté la même mission, admit-elle après un moment. La quête a été déposé il y a deux jours à ma guilde, Hoof Bucentaur. J’avais prévu de parvenir aux ruines ce soir, mais étant donné le retard que tu m’as octroyé, cela devra finalement prendre plus de temps. Je ne te remercie pas.
L’expression irritée, Lewene se leva, épousseta sa tenue blanche puis se retourna vers Mercure. Celui-ci était encore assis, en tailleur, la regardant toujours de ces mêmes yeux bleu électrique.
- Bon cour-…
- Que dirais-tu de venir avec nous ?, lança Mercure alors qu’elle allait partir.
Lewene se retourna.
- Pardon ?
- Nous avons le même but, donc nous nous recroiserons forcément. Tu es seule, nous sommes un groupe. Tu ne sembles pas avoir de carte, nous en avons une, ainsi que de quoi former un campement. De plus, tu es affaiblie par ton dernier combat : si tu recroises des monstres, il n’est pas certain que tu en réchappes ; et tu ne feras pas le poids face à moi si nous étions amenés à nous combattre.
Mercure se leva à son tour et se planta devant la jeune fille ; il devait la dépasser d’au moins une vingtaine de centimètres, si ce n’était plus.
- Tu as tout à y gagner, susurra-t-il presque.
Il posa les mains sur les épaules de la jeune fille, interdite.
- Et puis, je pourrai remplacer ton Loup puisque celui-ci ne peut pas se montrer en ce moment !


Lewene se mit sur le dos et remonta la couverture. Une ou deux étoiles scintillaient à travers le feuillage. La seule condition que lui avait imposée Mercure était de ne pas révéler sa magie, et encore moins de tenter d’absorber, ne serait-ce qu’une goutte, du sang de l’homme-loup.
Au fond d’elle, Lewene sentait l’influence que Mercure avait sur son Loup : l’animal était apeuré et refusé toujours de se matérialiser, handicapant la jeune fille. Maintenant qu’elle y pensait, accepter l’offre de Mercure était en effet le meilleur choix qu’elle pouvait faire dans son état ; une partie d’elle bouillonnait néanmoins de devoir dépendre de cet humain mi-animal.

Un cri. Lewene se redressa et aperçut au même moment Mercure sauter de son hamac et courir vers la tente plantée à quelques pas ; elle allait l’imiter quand une ombre jaillit de l’ouverture et courut entre les arbres.
- Fleuve doré !
Un filament luisant d’une forte lumière dorée sortit de la paume de Tatoru : s’élargissant à vue d’œil, le filament s’engouffra dans la forêt, illuminant chaque recoin, et ne tarda pas à repérer le fuyard.
- Hawnt ! Reviens !
Hurlant le nom de son frère, Tatoru partit à sa poursuite entre les arbres, Mercure à ses côtés. Restée seule au campement, Lewene reporta son attention sur la tente : Daemm devait encore s’y trouver, et ne pas la voir sortir par tout ce remue-ménage inquiéta la jeune fille. Avec prudence, Lewene souleva le pan de toile de tente. L’intérieur était sombre. À tâtons, Lewene s’avança mais buta presque aussitôt contre un obstacle. Se rattrapant rapidement, la jeune fille explora l’abri et comprit bien vite ce qui l’avait fait trébucher.

Lorsque Mercure et Tatoru revinrent, ils trouvèrent Lewene penchée sur le corps inconscient de Daemm ; la jeune fille l’avait tiré hors de la tente, à la lumière du foyer qu’elle avait rapidement allumé.
- Où est Andrew ?, demanda Mercure en s’accroupissant auprès du corps.
- Il est parti inspecter les alentours, répondit Lewene tandis qu’elle se relevait.
Elle se tourna vers l’homme-loup.
- Que s’est-il passé ? Où est Hawnt ?
- Probablement quelque part dans la forêt. Mais ce n’est pas de Hawnt dont nous parlons ; et quoi que ce soit, ça reviendra finir son repas.
Lewene se sentit déglutir mais resta silencieuse. Les flammes du foyer vacillaient fébrilement à chaque courant d’air, et lançaient d’étranges reflets sur la végétation environnante ; il semblait à Lewene qu’elle aurait pu s’embraser en un rien de temps. Daemm était toujours inconsciente et blême, allongée à côté du foyer, lorsque le grand rouquin revint de sa ronde. Sa mine était sombre et alerta ses compagnons.
- Je crois que Hawnt rode autour du campement, annonça Andrew en se déchargeant de son épée. J’ai cru voir du mouvement à divers endroits. Il semble se déplacer rapidement. Tu confirmes, Mercure ?
L’intéressé, depuis un moment, était agenouillé, le regard tourné vers la végétation et scrutait les alentours. Ses narines remuaient quelques fois, tentant de pister une odeur et de déterminer sa provenance. Lewene l’observait du coin de l’œil, attentive à chacun de ses mouvements lupins. Mercure finit par hocher la tête.
- Il attend. On l’a interrompu tout à l’heure, sous la tente. Mais ne vous attendez pas à voir Hawnt.
Placé à côté d’elle, Lewene sentit Tatoru tressaillir. Le jeune homme devait avoir un immense contrôle de soi pour ne pas exploser de colère, de rage ou de tristesse, et pour s’empêcher de partir immédiatement à la recherche de son frère. Il restait à veiller sur Daemm, mais le regard qu’il tentait de dissimuler trahissait ses tourments dus à la situation. Le silence s’imposa de nouveau, ébranlé uniquement pas le crépitement du feu, le vent qui s’engouffrait entre les arbres et dans les branches, et les mouvements nocturnes du règne animal. C’est le moment que choisit Hawnt pour surgir des fourrés et bondir sur Mercure. « Hawnt » ; le jeune homme n’était identifiable que par le bras encore humain qui servait de patte avant droite. Le reste n’était qu’un amas de poils noirs qui se mêlaient à un liquide graisseux, s’assemblant de manière à faire tenir sur quatre pattes (dont un bras humain) ce qui servait de corps monstrueux. La créature avant fondu sur Mercure et se servit de lui comme tremplin, propulsant toute sa masse volumineuse sombre et gluante vers le corps inerte de Daemm ; le coup d’épée que lui asséna Andrew ne la fit que légèrement dévier de sa trajectoire initiale.
- Lewene, cache-toi !, hurla Tatoru tandis qu’il tentait de blesser la créature.
Andrew modifia son épée et la fit grandir, de telle sorte qu’il atteint rapidement le double de taille de son propriétaire. Remis sur pieds et transformé en loup, Mercure bondit à son tour sur le dos de la créature. Les trois compagnons tentaient de repousser le monstre hors de portée de Daemm ; Lewene écarquilla les yeux lorsqu’une queue géante poussa subitement du dos du monstre, envoyant valser Andrew et Tatoru à plusieurs mètres.

Lewene bouillonnait. Son Loup, bien qu’encore affaibli, réveillait ses instincts par le sang des blessures des jeunes hommes. Alors qu’ils combattaient, elle était là, derrière un tronc d’arbre, tremblante de colère et enchaînée par la promesse faite à Mercure et par sa simple condition d’humaine aux yeux d’Andrew et de Tatoru, ne pouvant que regarder la scène. La créature avait arraché et englouti la jambe gauche et une partie de la hanche de Daemm, et semblait à présent s’intéresser à la partie supérieur du corps. Blessés par la précédente attaque, Andrew et Tatoru lancèrent un sort combiné qui frappa en plein fouet la monstre : celui-ci hérissa violemment ses poils, éclaboussant largement de leur liquide noir les deux hommes. Le sort lancé avait légèrement fait reculer le monstre, ce qui avait déstabilisé Mercure toujours sur son dos. Le loup perdit l’équilibre sur les poils gras, et la queue désormais libérée de l’étreinte du loup le balança dans les restes de la tente. À moitié assommé, Mercure reprit sa forme humaine tandis qu’Andrew et Tatoru continuaient l’affrontement.
Au supplice, Lewene agit sans réfléchir. Elle sortit de sa cachette et courut vers le corps de Mercure. Celui-ci était recouvert à plusieurs endroits de sang et du liquide noir de la créature, dont une partie tentait de s’infiltrer dans les plaies. Mercure gémit, crispant son visage lorsque Lewene posa les lèvres sur l’arcade sourcilière ouverte de l’homme-loup.
- Lewe…
La jeune fille déplaça ses lèvres sur le nez de l’homme-loup, où elle déposa un baiser avant de reculer son visage. Quelques traces de sang restaient à la commissure de sa bouche.
- C’est mieux si je m’en mêle, dit-elle avant de rapidement se relever et de se tourner vers le monstre.
Elle s’élança. La transformation fut quasi instantanée. Le Loup en elle sortit et prit possession de la jeune fille comme jamais il ne l’avait fait auparavant. Avoir bu le sang de Mercure, celui qui l’avait dompté, signifiait pour le Loup une reconnaissance et renaissance nouvellement acquises ; il avait retrouvé sa fougue. Lewene monta sur le dos et s’agrippa à la queue du monstre, comme l’avait précédemment fait Mercure ; à peine fut-elle montée qu’elle mordit à pleines dents le membre qui cherchait à la faire tomber.
- C’est quoi ça, encore ?!, s’écria Andrew en apercevant la forme humanoïde s’en prendre au monstre.
Il écarquilla les yeux quand, au même moment, Lewene arracha d’un coup sec la queue de la créature, la balançant dans le foyer qui redoubla de vivacité. Un long hurlement émana de la créature, qui redoubla ses attaques ; Andrew et Tatoru avaient du mal à attaquer tout en les esquivant. Avec ce nouveau Chaperon issu du sang de Mercure, Lewene se sentait capable de vaincre la créature en un rien de temps, et c’est avec cette idée en tête qu’elle s’élança sur ce qui semblait être la face du monstre. Celui-ci tenta de la piétiner lorsqu’elle fut au sol ; son hybridation avec le Loup lui permit cependant d’esquiver avec rapidité et agilité pour finir par lui crever les yeux. Laissant échapper un nouveau cri plaintif et colérique, la créature, aveuglée, s’affola et s’emporta encore davantage. Puis elle tomba, inerte, sur le sol, et ne bougea plus.
Tatoru s’approcha d’Andrew qui tenait encore sa grande épée où le liquide noir de la créature coulait sur le tranchant, et lui tapota l’épaule. Prudents, les deux hommes avancèrent vers le tas de poils noirs et gluants : derrière, un loup au pelage clair, souillé par le monstre, faisait face à une créature humanoïde, mi-humaine mi-louve, aux poils roux, le museau noir, les yeux perçants. Pas loin d’eux gisait la tête de Daemm, arrachée et piétinée.
- Je n’ai pas tenu ma promesse, déclara Lewene d’une voix roque due à sa transformation. Je vous laisse les ruines de Broken Fiels et La Conteuse de Lettres.
Elle s’enfuit immédiatement après avoir parlé, profitant de l’obscurité de la nuit et de la rapidité que lui conférait le Chaperon du sang de Mercure.

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